Hélène et Coline sont deux volontaires OFQJ parties réaliser leurs volontariats à Régina, dans la province du Saskatchewan, au Canada.

La mission d’Hélène au sein du Conseil des écoles fransaskoises est de favoriser la participation citoyenne en milieu linguistique minoritaire. Coline est quant à elle intégrée au sein de l’Association canadienne-française de Regina et d’une école secondaire.

Aujourd’hui, elles reviennent sur leur expérience et sur la singularité de cette région multiculturelle partagée entre l’anglais majoritaire et la conservation de la langue française…

La francophonie au Saskatchewan

La situation particulière du Saskatchewan

Quelle est la situation du français au Saskatchewan ?

Hélène : Les francophones en Saskatchewan, plus couramment appelés les Fransaskois, représentent 1,3% de la population (2016). Depuis 50 ans, leur nombre a diminué, mais la population se renouvelle, notamment grâce à la forte immigration francophone provenant majoritairement d’Afrique. Les francophones sont répartis sur l’ensemble de la province qui a sensiblement la même superficie que la France. Trois grands centres regroupent les Fransaskois (Prince-Albert, Saskatoon et Régina) ainsi que de plus petites communautés.

Coline : Ici à Regina, où nous habitons avec les deux autres volontaires (Hélène et Eugénie) je trouve que la communauté francophone est assez importante. Peut-être du fait aussi que je suis arrivée dans une famille francophone dès les premiers jours où je suis arrivée à Regina et qui m’ont introduit à leur cercle d’amis et aussi du fait que je travaille en français dans une école et en partenariat avec différents organismes fransaskois toute la semaine. 

Pourquoi cette part de français doit-elle être préservée ? Qu’en pensent les habitants autour de vous ?

Hélène : Parler le français et avoir le droit d’étudier en français a été un long combat pour les Fransaskois. Aujourd’hui reconnu, il appartient aux communautés de le faire perdurer et de pouvoir faire vivre la francophonie en Saskatchewan. Notre tutrice au CEF est née en Saskatchewan et a pu nous parler des années où il lui était difficile de pouvoir pratiquer le français et les efforts qu’elle a dû fournir pour atteindre et préserver le niveau de français qu’elle a aujourd’hui.

Coline : Il y a un véritable challenge à renouveler la population « jeune » des fransaskois, car une fois que les élèves obtiennent leur diplôme dans les écoles francophones, ils partent vers les universités anglophones et ne reviennent que très peu dans la communauté fransaskoise. De plus, ils vivent dans un milieu bilingue, ils ne pratiquent le français qu’à l’école ou au travail pour certains.

Volontaires au Saskatchewan 2022

Quelles sont les actions faites par vos organismes pour préserver/développer le français et les impacts ?

Hélène : Dans le cadre de mon volontariat, j’apporte mon aide au Conseil des Ecoles Fransaskoise dans le secteur des Partenariats et de la programmation culturelle. Au total, ce sont 15 écoles francophones qui sont présentes et dépendent du Conseil des Ecoles Fransaskoises. Le rôle du secteur est de développer des partenariats avec les différents organismes francophones afin de pouvoir proposer aux écoles et à leurs élèves des activités en lien avec des temps forts de l’année et en lien avec les programmes d’études. 

Par exemple, dans le cadre du mois de l’Histoire des Noirs, qui a lieu tous les ans au mois de février, il est possible d’imaginer un partenariat avec la Communauté des Africains Francophones de la Saskatchewan (CAFS) afin que les élèves puissent bénéficier de témoignages de personnes noires de la Saskatchewan.

Un partenariat avec le Conseil Culturel Fransaskois pourrait aussi permettre une activité sur des artistes noirs de la province ou du Canada. Par leurs actions, les partenaires et le personnel éducatif ont pour but de permettre aux élèves de s’accomplir par la construction langagière, identitaire et culturel, en partie en s’engageant dans leur communauté pour devenir des citoyens épanouis.

Coline : Je suis dans une école secondaire (PSQV) et je travaille aussi avec l’Association canadienne-française de Regina. On essaye de mettre en place des évènements qui permettent de rassembler la communauté fransaskoise en partenariat aussi avec les écoles du Conseil des écoles fransaskoises (2 écoles élémentaires et 1 école secondaire). Il y a de nombreux concerts, spectacles et activités autour de la francophonie, avec des artistes francophones de la Saskatchewan ou du Canada.

L’ACFR et le PSQV ont aussi un projet de café communautaire-scolaire sur lequel je travaille. Il s’agit de construire un café dans les bâtiments de l’école pour la communauté fransaskoise. Les élèves vont travailler dans le café et mettre en pratique ce qu’ils apprennent dans le cours de cuisine commerciale.  Il devrait bientôt voir le jour car nous sommes dans la phase d’achat de matériel et de décoration. 

Votre expérience de volontaire

Que pensiez-vous de la situation de « la francophonie en milieu minoritaire » dans l’offre de service civique quand vous avez postulé ? (Interrogations, défi, frein, intérêt, etc…)

Hélène : Je crois que je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et c’est en partie ça qui me plaisait, j’étais curieuse de découvrir, d’apprendre sur leur quotidien, leur histoire, etc. J’avais déjà été pendant une année universitaire au Québec, province francophone, et je ne pensais pas qu’on parlait français au Canada en dehors de cette province. Je me disais aussi que les Fransaskois devaient tous avoir le même accent que les québécois … et pas du tout ! 

Les Fransaskois ont des accents divers et variés, représentant leur diversité, d’origine, de culture, en fonction de la langue parlée à la maison (si l’un des parents parle anglais par exemple). Je pensais également qu’il s’agissait d’une seule petite communauté, comme un village de 300 habitants en France. 

Alors qu’en réalité, les Fransaskois sont partout (ou presque), faut-il encore réussir à savoir si la personne est francophone sachant qu’en dehors de rencontres organisées, la langue qui prime sera l’anglais. Ainsi, même si nous sommes deux francophones, le premier contact sera le plus souvent en anglais. 

Coline : Je ne pensais pas qu’il y avait une communauté aussi importante et présente ici à Regina. Surtout que de vivre dans une communauté de langue minoritaire, il y a des avantages et des inconvénients avec lesquels il faut dealer. Par exemple, la communauté fransaskoise est très accueillante, présente pour t’aider ou t’accompagner si tu as un souci, par contre ils ne font pas vraiment de différences entre la vie privée en dehors des bureaux et la vie professionnelle, il faut donc faire attention à comment on se comporte. 

Régina, Saskatchewan

Comment vivez-vous le bilinguisme au quotidien ?

Hélène : C’était aussi une des raisons de mon départ, je voulais devenir bilingue. Et finalement, mon cercle au travail est francophone (c’est pour mieux faire vivre la francophonie !) et il n’est pas simple avec la Covid de rencontrer de nouvelles personnes à l’extérieur. Mais lorsqu’on fait des sorties, même banales comme aller faire ses courses, on est obligé de se frotter à l’anglais, et ça fait aussi du bien. La colocation avec des anglophones est aussi une belle façon de pouvoir avoir des échanges ! C’est enrichissant, c’est une autre personnalité et d’autres traits de caractères qu’on se découvre (la timidité parfois), et des fois aussi, de l’improvisation, des situations de mimes dans un magasin pour expliquer au.à la vendeur.se ce que l’on veut… et surtout, merci google traduction !

Coline : Mes premiers mois de service civique, j’étais dans une famille francophone et je parlais français tous les jours au sein de l’école. Je ne sentais pas trop le bilinguisme puisque je ne parlais pas du tout avec des anglophones. Maintenant que j’ai déménagé je suis un peu plus en contact avec des anglophones, mais mon cercle de vie est quand même constitué de francophones.

Hélène et Coline au Saskatchewan

Est-ce que cette situation de bilinguisme particulière sera quelque chose que vous valoriserez à l’avenir après votre mission ?

Hélène : Absolument ! Vivre cette expérience permet de montrer ses capacités d’adaptation, d’ouverture d’esprit, de curiosité et surtout de montrer qu’on porte de l’attention aux minorités, plus ou moins visibles. Dans la communauté fransaskoise, nous sommes francophones, mais nous sommes aussi pour la moitié issue d’un pays étranger, avec des cultures différentes et c’est aussi ça la richesse de la communauté fransaskoise ! 

Coline : Oui je pense que je pourrais rechercher un bilinguisme car je trouve cela intéressant de pouvoir pratiquer une autre langue que ce soit dans le milieu privé et donc de découvrir de nouvelles personnes et de nouvelles histoires. 

Pour en savoir plus :

Le conseil des écoles fransaskoises 

L’association canadienne française de Régina

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Le service civique international avec l’OFQJ

 

Propos recueillis par Laureen, animatrice de la communauté des volontaires en service civique de l’OFQJ.

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