Le 2 juillet 2020 – Du 4 au 12 septembre 2020, le festival de courts métrages Off-Courts de Trouville fêtera sa 21e édition. L’OFQJ, partenaire de longue date de l’évènement franco-québécois bien connu du milieu cinématographique, accompagne chaque année de nombreux jeunes réalisateurs français et québécois par l’intermédiaire de son Prix spécial OFQJ. En marge de ce prix, l’OFQJ soutient également le projet Import/Export, une initiative du Studio Off-Courts qui a permis depuis 2005 la co-réalisation d’une trentaine de films.

 

Festival Off-Courts Trouville 2020

Le projet Import/Export : une trentaine de films en 17 ans

Import/Export est un projet porté par le Studio Off-Courts en France, en co-production avec Spira au Québec, et qui permet une résidence croisée annuelle entre deux jeunes réalisateurs français et québécois. Dans le cadre de ce projet, chacun est invité à travailler avec des comédiens et une équipe de plateau du pays d’accueil — la postproduction de l’œuvre étant assurée dans le pays d’origine du réalisateur.  La production exécutive des deux projets est assurée par une même équipe franco-québécoise.

A l’issue de ces deux séjours de création, un ou deux courts-métrages par an sont réalisés et présentés au public à l’occasion du festival Off-Courts. Un cap qui s’est souvent avéré un tournant du développement professionnel pour ses participants.

Entretien avec Samuel Prat (Trouville), coordinateur général d’Off-Courts et Émilie Moreault (Montréal), coordinatrice Québec

Présentez vous

Bonjour, nous sommes Samuel Prat (Trouville-sur-Mer), coordinateur général d’Off-Courts Trouville et Émilie Moreault (Montréal), coordinatrice Québec d’Off-Courts Trouville.

Une anecdote pour raconter la relation France/Québec avec Off-Courts ?

Samuel : Au sortir de la première édition d’Off-Courts, pensée pour élargir le champ des possibles durant le festival du film américain de Deauville, c’est lors d’un déplacement au Festival de Clermont-Ferrand qu’une rencontre imprévue avec une délégation nous a montré l’évidence de mettre en place une rencontre France / Québec autour du court métrage. Il y a donc aujourd’hui 20 ans !

Depuis quand travaillez-vous ensemble ?

Emilie : Samuel et moi travaillons ensemble depuis 2008. Je suis venue en France collaborer à la 9e édition du festival Off-Courts comme stagiaire OFQJ. Depuis, on ne s’est plus quittés et passons plusieurs mois par an ensemble en France ou au Québec.

Depuis quand collaborez-vous avec l’OFQJ ?

Samuel : c’est en 2003 que nous avons accueilli notre première stagiaire québécoise dans le cadre d’un programme OFQJ. Barbara Uhde a été la première de celles et ceux qui peu à peu ont formé la grande famille québécoise de Trouville. Cette collaboration dure depuis maintenant 17 ans! Sans compter toutes les autres collaborations autour des missions du  festival, tant en France qu’au Québec, avec des échanges qui comptent plus d’une centaine de participants au fils du temps : réalisateurs, comédiens, producteurs, programmateurs, distributeurs, musiciens, artistes…

L’autocar de Guillaume Lonergan (Québec - tourné en France) - 2007

A demain de Stéphanie Dallant (France - tourné au Québec) - 2009

Pourquoi la France ? Pourquoi le Québec ? Avez-vous constaté des différences dans les manières de travailler en France ou au Québec ?

Samuel : Ça fait tellement longtemps qu’on travaille ensemble que je ne sais même plus quelles sont les habitudes du Québec et quelles sont les habitudes de France… On arrive même à mélanger toutes les expressions maintenant. On a la chance de travailler et collaborer avec des gens passionnés des deux côtés de la flaque, et c’est très gratifiant.

 

Pouvez-vous nous raconter la genèse de l’initiative Import-Export ?

Emilie : Le projet a été mis sur pied en 2005 avec la volonté de donner les moyens à de jeunes créateurs de vivre une expérience de tournage professionnel à l’étranger. Un réalisateur québécois tourne son court métrage en Normandie avec une équipe et des comédiens français. Un réalisateur français fait le même exercice à Québec.

Étant donné les collaborations France/Québec naturellement présentes avec le festival, nous nous sommes centrés, dès 2008, à Québec, avec Spira, coopérative de cinéma indépendant pour développer un peu plus ce projet.

Trois hommes et un masque de fer de Steve « Carnior » Langry (Québec - tourné en France) - 2011

Le point Godwin de Thomas Lesourd (France – tourné au Québec) – 2013

Comment s’organise le programme ? Comment sont répartis les rôles entre Spira et Off-Courts ?

Emilie : La production exécutive est assurée par l’équipe franco-québécoise pour les deux films. Les deux organismes développent le projet dans leurs pays respectifs. La production déléguée est assurée par l’équipe d’Off-Courts. Spira accueille les équipes à Québec dans leur bureau et fournit également le matériel professionnel de tournage à Québec grâce à leur parc d’équipements.

Samuel : En Normandie, à Trouville, le projet est mené depuis le Studio Off-Courts et s’appuie sur une équipe de fidèles du festival, techniciens et comédiens. Aussi, des deux côtés de l’Atlantique, nous faisons aussi appel à des comédien(ne)s reconnu(e)s, permettant d’apporter plus de visibilité. Sam Karmann, Julie Lebreton, Dominique Pinon, pour ne citer qu’eux, ont permis au programme de trouver rapidement des échos.

Quels sont les critères pour participer à Import-Export ? Comment s’opère la sélection ?

Emilie : On travaille de concert avec l’équipe de Spira dans la sélection des participants en montant un comité de sélection. Les cinéastes doivent soumettre un dossier de candidature (CV, scénario, notes d’intentions…) Nous sommes sensibles au territoire dans la sélection des participants : cinéaste de la ville de Québec / cinéaste normands, mais il nous est arrivé parfois de déroger à cette règle. Les films proposés doivent aussi tenir compte de la réalité budgétaire du projet et doivent pouvoir se tourner en 3 jours dans la région de la Capitale Nationale au Québec et autour de Trouville-sur-Mer en Normandie.

Quelles sont les principales retombées d’une telle expérience pour les participants ?

Samuel : L’expérience d’un tournage à l’étranger, avec une équipe professionnelle n’est pas à négliger sur un CV. Nous avons aussi la chance d’être soutenu par France Télévisions, ce qui permet donc une diffusion télévisuelle à un des projets chaque année en plus des sélections en festival.

Les Rides de Catherine Breton (Québec - tourné en France) - 2014

Rencontres du 3ème âge de Eve Dufaud (France - tourné au Québec) - 2014

Au-delà de la collaboration à l’instant T, est-ce que vous savez si ce programme d’échange a été source d’opportunités, de collaborations pérennes, de projets en France ou au Québec ?

Emilie : Que ce soit au travers d’Import / Export ou même pendant Festival Off-Courts et de ses Labos de création, les différentes expériences ont permis, et permettent encore chaque jour, de multiples collaborations directement liées au projet ou même au-delà, souvent même sans que nous soyons immédiatement au courant. Multiplier les échanges et sans nul doute la bonne solution pour que les ponts de création perdurent. C’est même là notre mission première. Nous sommes fiers à chaque fois qu’un projet franco-québécois se met en place sans que nous en soyons directement les instigateurs, mais que la première rencontre se soit faite à Trouville.

Au final, grâce à Import-Export, combien de films ont été produits ?

Samuel : 28 courts métrages ont été produits depuis 2005 : 14 français et 14 québécois. Il est heureux de noter que cela à engendrer des dizaines de sélection en festival et pas moins de 32 ventes TV.

La planète Nam de Pauline Chabauty (France - tourné au Québec) - 2014

Si vous deviez citer un projet qui vous a marqué, ce serait lequel et pourquoi ?

Émilie : J’ai adoré plonger dans l’univers du réalisateur québécois Jimmy Pettigrew. Nous avons tourné son film « Beurre noir » par un joli mois de mai en Normandie en 2016. Dès la lecture du scénario, je me suis attachée à son projet. La collaboration avec Jimmy a été très naturelle. Je trouve ce jeune homme talentueux, inspiré et inspirant. Son souci de l’esthétisme sur ce projet (et sur ses autres projets d’ailleurs) est totalement dans mes cordes. Plusieurs anecdotes de tournage ont été bien marquantes, en plus nous avons eu la chance d’avoir une équipe professionnelle géniale.

Samuel : Je ne peux m’empêcher de repenser à notre premier film tourné à Trouville dans la cadre de notre programme transatlantique et réalisé par le québécois Stefan Miljevic. Un tournage dans un bus en partie de nuit. Pour la plupart d’entre nous, nous n’avions que peu d’expérience, mais la motivation était telle que nous avons mené à son terme un film que nous penserions aujourd’hui impossible au regard du peu de moyens financiers dont nous disposions.

Beurre noir de Jimmy Pettigrew (Québec – tourné en France) – 2017

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