À la recherche du Petit Prince, la résidence de recherche et de création en sol québécois de Léon Dubois 

Léon Dubois, lauréat de l’édition 2023, poursuit son projet Sur les traces du Petit Prince grâce au soutien de l’OFQJ et du Consulat général de France à Moncton. Au cours du mois d’août, le chercheur et photographe a pu réaliser une résidence de recherche et de création au Québec et au Nouveau-Brunswick. Après avoir enrichi ses recherches sur le passage d’Antoine de Saint-Exupéry en Amérique du Nord en consultant les documents de la Bibliothèque et Archives nationale du Québec et les archives de la Ville de Montréal, Léon Dubois a organisé des ateliers d’expérimentation autour du Petit Prince dans la Ville de Moncton. Une exposition de photographie argentique en lien avec les recherches et les ateliers est également prévue.  

Sur les traces du Petit Prince

Léon Dubois s’intéresse à la littérature et à la mémoire. Avant de travailler sur la vie et l’œuvre de Saint-Exupéry, il a réalisé Maalesh, voyage en Méditerranée, œuvre photographique consacrée au poète, dramaturge et cinéaste Jean Cocteau. C’est une photo d’archive d’Antoine de Saint-Exupéry à Alexandrie qui le met sur la piste de l’écrivain aviateur téméraire. Ses recherches le mènent au lieu du crash de Saint-Exupéry dans le Désert Libyque, événement qui donnera naissance à l’histoire du Petit Prince.

De là, Léon Dubois envisage le projet Sur les traces du Petit Prince, retourner dans toutes les villes dans lesquelles Saint-Exupéry a vécu ou séjourné afin d’étudier non seulement les traces historiques de son passage, mais aussi celles laissées par son œuvre dans les mémoires des habitants. Il s’interroge sur le succès du Petit prince, qui depuis 80 ans reste une œuvre incontournable continuant de marquer de nouvelles générations de lecteurs.

Après Guéret, Strasbourg puis Boussac, en France, et Alexandrie, en Égypte, Léon oriente ses recherches historiques vers Montréal et Québec, où Saint-Exupéry a donné une série de conférences en 1942.

Des ateliers de rencontre avec des jeunes de Moncton sont également organisés en partenariat avec l’atelier d’estampe Imago, au Nouveau-Brunswick.

Une approche unique 

Afin d’explorer les mémoires individuelles de l’œuvre de l’auteur du Petit Prince, Léon Dubois procède en premier lieu à une recherche historique d’archives de tout document marqué de la trace de Saint-Exupéry. Après avoir extrait les sources historiques de l’écrivain, des ateliers de discussion et de création sont ensuite organisés, afin d’évoquer en commun les souvenirs personnels laissés par la lecture du Petit Prince. Léon produit enfin une exposition mêlant dessins, photos et souvenirs. Léon est aussi photographe, son médium de prédilection étant la photographie argentique en noir et blanc. Ses photographies subliment ses découvertes dans les archives et ajoutent un regard contemporain, personnel et poétique sur l’œuvre de Saint-Exupéry. 

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Questions à Léon Dubois

Quelle est l’importance du passage d’Antoine de Saint-Exupéry en Amérique du Nord pour tes recherches, plus particulièrement celle des conférences données à Montréal ?

Antoine de Saint-Exupéry se rend à Montréal et à Québec en mai 1942, quelques mois avant l’écriture et la publication du Petit Prince. Nous sommes alors en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, l’auteur-aviateur est à New-York depuis 1941 et cherche un moyen de poursuivre le combat contre l’occupant. À Montréal, il répond à l’invitation de Bernard Valiquette, son éditeur québécois, qui lui propose de donner une série de conférences pour promouvoir son dernier ouvrage Pilote de guerre.

Dans cette œuvre, il raconte les combats aériens de mai 1940, le livre est publié en français au Canada, traduit en anglais aux États-Unis où il rencontre un grand succès. Ce moment canadien est intéressant, car il apporte un éclairage contextuel sur la situation de Saint-Exupéry à la veille de l’écriture du Petit Prince, il nous renseigne aussi sur le retentissement de son œuvre en Amérique du Nord, en témoignent les nombreuses réceptions organisées lors de sa venue au Québec. 

En quoi consistait l’atelier d’expérimentation organisé à Moncton et quelle a été la réception du Petit Prince auprès des participants ?

L’atelier organisé cet été a permis de collecter les mémoires du petit prince. Il était co-organisé par l’Atelier Imago, atelier d’estampes hébergé au Centre Aberdeen de Moncton, hub des arts et des artistes du Nouveau-Brunswick. Mon objectif était de voir à quel point l’œuvre est connue chez les francophones et anglophones, il s’avère que dans les deux cas les participants avaient lu le Petit Prince, vu le film ou bien entendu parlé de cette œuvre dans leur enfance.

Chaque participant a raconté son souvenir dans un cyanotype, technique photographique qui utilise les rayons U.V. du soleil pour développer une image. Leurs participations viennent compléter une œuvre collaborative composée de souvenirs collectés partout dans le monde. D’autres ateliers ont eu lieu fin novembre à l’Alliance Française d’Halifax et dans un collège de Nouvelle-Écosse, ainsi qu’au Lycée Claudel d’Ottawa.

Est-ce qu’une exposition de photographies argentiques est en préparation ?

En 2024 nous commémorons les 80 ans de la disparition d’Antoine de Saint-Exupéry, plusieurs expositions de mon travail photographique vont avoir lieu tout au long de l’année, à Marseille notamment avec le Musée d’Histoire de Marseille. La première exposition d’étape qui rassemblera le résultat de trois ans de recherche aura lieu à Poitiers en octobre 2024, puis elle débutera une itinérance au Québec et dans les provinces Atlantiques à partir de la fin 2024 – 2025.

Qu’est-ce qui t’a amené à travailler sur Antoine de Saint-Exupéry, quel est ton rapport au Petit Prince ? 

Le hasard des archives ! En 2020 j’ai trouvé une photographie d’Antoine de Saint-Exupéry donnant une conférence de presse à Alexandrie, où j’étais installé. Cette photographie m’a surpris car j’ignorais ce moment alexandrin, j’ai creusé ce sujet et me suis rendu compte qu’il s’était écrasé dans le désert égyptien en janvier 1935. Après quatre jours de marche dans le désert il est sauvé de justesse par des bédouins. Ce moment, vécu par l’auteur, est très proche du début du Petit prince. La proximité entre la vie de Saint-Exupéry et son œuvre littéraire m’a intéressé et j’ai choisi de débuter ce projet itinérant avec une question en tête : qu’est-ce qui explique, 80 ans après la publication de l’œuvre, son succès ? 

Que souhaites-tu transmettre avec Sur les traces du Petit Prince ?

Pour ce qui est du message, l’œuvre se suffit à elle-même. J’espère simplement que la rencontre avec ce projet pourra donner aux participants le gout de l’enquête, les invitant à leur tour à questionner ce qui nous entoure. 

Comment s’est déroulée ton séjour au Québec et au Nouveau-Brunswick ?

Très bien, vivement le prochain séjour ! Grace au programme Odyssart de l’OFQJ j’ai effectué deux mobilités, la première en août-septembre et la seconde en novembre-décembre. Sur place, j’ai été accompagné par les services culturels de l’Ambassade de France et le Consulat Général de France dans les provinces atlantiques. Les échanges ont été très riches avec les différents acteurs culturels à Moncton, Halifax, Québec, Montréal et Ottawa ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup d’artistes, écrivains et institutions. J’ai aussi eu la chance de pouvoir travailler dans d’autres provinces avec l’Alliance française d’Halifax (Nouvelle-Écosse) pour la journée des professeurs de Français, et aussi d’intervenir au Lycée Claudel d’Ottawa (Ontario) auprès de quatre classes de 6èmes. 

Où t’emmèneront ensuite tes recherches sur les traces d’Antoine de Saint-Exupéry ?

À mon retour du Canada, je débute l’année 2024 avec une résidence au Caire avec l’Institut Français d’Égypte, je cherche à comprendre la réception égyptienne du crash d’Antoine de Saint-Exupéry dans le désert en 1935. Ensuite, je serai à Poitiers, en Creuse, dans l’Allier et dans la Région Centre dans le cadre d’une résidence itinérante de quatre mois sur les traces de Saint-Exupéry entre 1924 et 1926 avec le soutien des services déconcentrés du ministère de la Culture et des rectorats de Limoges, Poitiers, Clermont et Orléans-Tours. En mai aura lieu l’exposition avec le Musée d’Histoire de Marseille, puis Poitiers ! Vous pouvez suivre le projet sur Instagram et sur mon site.

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