Laetitia Troussel-Luber (à la plume et la voix), Joséphine Hurtut (à la musique) et Simon Lazarus (à l’image) sont à l’origine du spectacle MANITOU, une expérience immersive mêlant vidéo-projection, musique électronique et art du récit. Lauréats de l’appel à projets Odyssart 2023, les trois artistes ont effectués une résidence de création à la Société des Arts Technologiques à Montréal pour travailler à l’adaptation de MANITOU en dôme 360°. Ce nouveau médium de projection permettra au spectacle immersif d’expédition sensorielle et spatiale de prendre une nouvelle envergure. Une tournée dôme 360° est prévue pour 2024.

Arts numériques et art du conte

Créé en 2020 en France au Château de l’Éphémère, MANITOU explore les possibilités des arts numériques au service de l’art du conte. En mêlant musique électronique, vidéoprojection et narration pour créer une expérience immersive, le spectacle invite à un voyage à travers les récits et l’imaginaire, du très grand au très petit, du Soleil au grain de sable… La mobilité de la troupe au Québec a permis d’enrichir l’univers du spectacle des récits du conteur ilnu, Patrick Courtois, de Mashteuiatsh au Lac Saint-Jean. La mise en scène de MANITOU est pensée de manière à proposer aux spectateurs et aux spectatrices une posture tantôt contemplative, tantôt active. Le spectacle est dédié en premier lieu à un jeune public, mais s’adapte à tous. La jeune entreprise du spectacle, Banana Tragédie, est derrière la création de ce projet.

Un second souffle en sol québécois pour le spectacle MANITOU

Le soutien de l’OFQJ permet aux créateurs de MANITOU d’adapter le spectacle au format dôme 360°, en partenariat avec la Société des arts technologiques de Montréal et la société de diffusion Hubblo. Affectée par la crise la COVID, la diffusion de MANITOU n’a pas pu atteindre sa juste envergure, la réinvention du spectacle sur ce nouveau format permet de lui redonner vie. En résidence depuis le début du mois de novembre à la SAT, Simon, Laeticia et Joséphine œuvrent afin de créer un format de 30 minutes adapté aux conditions de l’écran sphérique du dôme, avec deux versions : une narration en français et une en anglais. Cette transformation du spectacle original permettra à Banana Tragédie de s’inscrire dans la scène canadienne, où le dôme 360° est déjà bien développé, et de profiter d’un créneau vacant dans ce format : les spectacles pour jeune public. Une série de spectacles dôme 360° est prévue pour l’automne 2024 au Québec et au Canada, en partenariat avec Hubblo.

Questions à Banana Création

Comment l’opportunité d’adapter MANITOU en terre québécoise au format dôme 360° est-elle arrivée ?

Notre spectacle MANITOU est la toute première création de notre collectif. C’est une performance mêlant conte et arts numériques qui est très protéiforme : depuis 2019, elle a existé dans différents formats, lieux et temporalités. Nous avons toujours eu à cœur de la développer sur différents terrains pour imaginer de nouvelles manières de confronter les arts numériques et le spectacle vivant. Le format dôme nous trottait donc en tête depuis quelque temps.

Au printemps 2022, Joséphine, la musicienne de notre collectif, a participé à une rencontre de l’OFQJ avec plusieurs professionnels de la culture. À cette occasion, elle a rencontré Pascal Pelletier, le directeur de HUBBLO, une société québécoise qui produit et diffuse du contenu créatif pour les dômes 360°. Notre projet lui a tout de suite parlé et il a proposé de nous accompagner pour adapter MANITOU au format dôme en imaginant une diffusion dans son réseau, mais aussi à la SAT Montréal, avec laquelle il travaille régulièrement.

Quelles nouveautés attendez-vous du dôme 360° ?

Artistiquement, c’est passionnant d’imaginer pousser le potentiel immersif de notre spectacle en utilisant la technique du dôme. MANITOU invite le.a spectateur.rice à plonger dans notre esthétique en baignant dans des formes, des couleurs, des sons et des mots qui créent une sorte d’univers parallèle, où chacun.e est libre de rêver comme il.elle l’entend.

La version précédente utilisait ainsi deux vidéoprojecteurs pour diffuser les images : l’un projetait en frontal, sur un écran ou un mur en fond de scène, et l’autre était perché au plafond pour projeter au sol, sur le public, qui pouvait ainsi interagir avec les pixels de ce « tatami ».

Avec le dôme, l’image sera omniprésente et renforcée par la spatialisation sonore. Nous devrons donc repenser la narration, l’interaction avec les éléments visuels, mais aussi avec le public lui-même, car nous le sollicitons régulièrement pour bouger, chanter ou danser avec nous.

Comment s’est déroulée la résidence de création à la SAT à Montréal ?  

La résidence du collectif à Montréal a permis à notre équipe artistique de bénéficier d’un temps privilégié pour se plonger dans la création et la technique de ce nouveau format. Nous avons pu reprendre le récit à sa base, échanger sur nos désirs de création, débattre, s’entendre : le temps est une denrée rare dans les processus créatifs en collectif ! Nous n’avons pas travaillé dans les locaux de la SAT car celle-ci était en travaux, mais nous étions en contact régulier avec les équipes techniques et de médiation pour aiguiller le projet et imaginer sa diffusion à la réouverture de la SAT. Des essais visuels et sonores en dôme ont pu être réalisés à Essen, en Allemagne.

Mais la résidence au Québec a également été enrichissante pour chaque artiste individuellement. Joséphine, notre musicienne, a participé à plusieurs scènes ouvertes à Montréal et a rencontré des artistes québécois avec qui elle travaille actuellement sur ses nouvelles productions. Simon, notre créateur visuel, a visité plusieurs expositions et galeries pour étendre son univers de référence aux esthétiques québécoises contemporaines. Laetitia, l’autrice et conteuse du spectacle, est allée jusqu’à la communauté ilnu de Mashteuiatsh pour rencontrer le conteur autochtone Patrick Courtois qu’elle avait contacté par l’intermédiaire de LOJIQ (Les Offices jeunesse internationaux du Québec). Là-bas, elle a passé beaucoup de temps dans le musée des traditions ilnu et au contact des habitant.e.s pour écouter et collecter plusieurs récits et croyances qui alimenteront le nouveau MANITOU, mais aussi l’ensemble de son travail littéraire. Laetitita a prévu de revenir à l’automne prochain à Mastheuiatsh pour assister et/ou participer au festival local de conte. 

Quelles opportunités s’offrent à MANITOU en format 360° ? 

La première de MANITOU360 est prévue en octobre 2024 à la SAT sous la forme de deux week-ends de représentation, où nous jouerons plusieurs fois d’affilée : l’occasion de toucher un large public et d’inviter des professionnels du milieu pour accroître la visibilité de notre travail. Nous sommes par ailleurs en train d’imaginer avec l’équipe de médiation de la SAT plusieurs manières d’impliquer le public en amont des représentations, qu’il s’agisse de familles ou de scolaires, en organisant des ateliers de médiation autour de la question du conte et des arts numériques.

Grâce à la création de ce nouveau format dôme 360°, nous allons par la suite pouvoir intégrer le réseau de diffusion du contenu dôme de la société HUBBLO, en ajoutant MANITOU360 à son catalogue. Notre spectacle pourra ainsi tourner sur le territoire québécois et dans tout le Canada, ce qui nous poussera très probablement à enrichir le spectacle d’une version anglaise.

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